Mes visiteurs sont souvent surpris d’apprendre mon âge… Mon architecture moderne et le bon état de mes bâtiments leur font penser à une création récente alors que je suis né en septembre 1997 après une gestation de huit ans. Mes créateurs ont choisi de mettre en valeur mes racines landaises et m’ont conçu à l’image de l’airial traditionnel avec une large allée conduisant à un espace libre central entouré de divers bâtiments. A mon ouverture, j’accueillais déjà 503 élèves dans mes filières professionnelles et technologiques transférées du lycée de Dax qu’il fallait désengorger.
Prévoyants, mes parents avaient anticipé la poussée de croissance de l’adolescence mais j’ai largement dépassé leurs attentes avec plus de 1000 élèves accueillis ces dernières années. Par contre ils ne m’avaient pas choisi de nom. Pendant longtemps je fus « le lycée du bois », en référence à certaines de mes formations. Image renforcée par « l’arbre », sculpture de l'artiste KOFI SETORDJI réalisée en 2000 avec des élèves et située à l'entrée du lycée. Ce n’est qu’en décembre 2002 que je fus officiellement baptisé « lycée Haroun Tazieff ».
Si je peux m’enorgueillir d’être le seul lycée de France à porter ce nom, je regrette qu’il n’ait pas beaucoup d’écho dans la mémoire de nos jeunes qui, il est vrai, étaient à peine nés lorsque Haroun Tazieff est décédé en 1998. Leurs parents se souviennent néanmoins de l’éminent volcanologue, au franc parlé, qui avait l’art de rendre simples des phénomènes scientifiques complexes. Mais il n’y a pas de volcan en Aquitaine, alors pourquoi avoir choisi ce nom si particulier ?
C’est en se plongeant dans ses ouvrages et ses biographies* que l’on découvre les liens d’Haroun Tazieff avec le Sud-ouest. Tout commence en 1951 et 52 où il fait partie de l’équipe qui découvre le gouffre de la Pierre Saint-Martin. Il participe à cette expédition en tant que cinéaste, en même temps que scientifique et sportif accompli. Il en tirera un livre passionnant : "Le Gouffre de la Pierre St Martin" et un film : "Eaux souterraines" qui obtiendra le premier prix au festival de Venise.
Plus tard il découvrit le rugby qu’il considérait comme « Le plus beau jeu du monde ». Les rugbymans locaux se souviennent encore de ce pilier haut en couleur qui ne ménageait pas ses efforts dans les matchs amicaux auxquels il aimait participer lorsqu’il était dans les Landes.
En 1981, il est nommé commissaire aux risques naturels majeurs par François Mitterrand puis secrétaire d'état à la prévention des risques naturels et technologiques majeurs en 1984. Père de la définition du risque majeur, il attache une très grande importance à l'organisation des secours en cas de catastrophe ainsi qu'à l’information des populations. Et c’est pourquoi il fut invité à venir faire une conférence à la mairie de St Paul lès Dax en février 1987. A cette occasion il reçut la médaille de la ville. Et c’est pour honorer sa mémoire qu’en 2002 la municipalité proposa que je porte son nom.
Homme de communication, Haroun Tazieff a toujours eu le souci de partager et transmettre ses connaissances à travers des films de vulgarisation, des conférences et nombreux ouvrages destinés au grand public. Il fut le dernier des « savanturiers » du 20ème siècle. Il y eut Paul Emile Victor pour les pôles, Jacques Yves Cousteau pour le monde sous-marin, Alain Bombard pour la mer et Gaston Rébuffat pour la haute montagne. Il les fréquenta tous. Comme eux, ce citoyen du monde a montré à ses contemporains que la planète Terre est notre maison commune et que l’on doit en prendre soin. Ses préoccupations restent plus que jamais d’actualité.
* Disponibles au CDI